Entrevistas française

Omar Pene: “On a essayé de par les rythmes de créer une musique qui nous ressemblait, qui tenait compte de l’enracinement et de l’ouverture”

Interprète français/anglais: Brian Valente-Quinn. Traducteur wolof/français: Babacar Thiaw

Omar Pene para jot Down

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Tekki bi ci làkkub Wolof

Omar Pene, co-fondateur et chanteur du super groupe Super Dianomo basé à Dakar, compose et joue depuis 50 ans, sortant de nombreux albums à la fois avec le groupe et en tant qu’artiste solo. Le style qu’il a aidé à inventer, «Mbalax», fusionnait les tambours traditionnels wolof, la musique religieuse de diverses ethnies, les styles soul et blues dans une musique populaire qui dialoguait avec la musique cubaine et la supplantait finalement en tant que musique pop dominante du Sénégal après l’indépendance. Défenseur de longue date du panafricanisme dont les contributions ont été reconnues par la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), Pene tire depuis des années la sonnette d’alarme sur le changement climatique et la désertification croissante du Sénégal, pour finalement sortir l’album «Climat» en 2019. Pene est également ambassadeur de bonne volonté auprès des étudiants au nom du gouvernement de Macky Sall.

On peut parler de la musique mbalax, la musique Wolof, la musique sénégalaise, la musique africaine, ouest africaine, ou bien la musique tout court ?

On peut parler musique, tout simplement.

À quel point c’est important dans votre vie et dans votre musique l’identité Wolof?

Je suis Sénégalais, je suis né Wolof, c’est ma langue maternelle. Donc c’est une tradition tellement importante pour moi, parce que c’est une valeur que nous voulons transmettre. Parce que les Anglais, ils chantent en anglais, les Français chantent en français et les Wolofs, ils chantent en Wolof.

Comment votre parcours musical a-t-elle débuté ?

J’ai commencé étant tout petit, mais pas dans un orchestre. Je chantais dans la rue avec des amis, juste pour m’amuser parce que je voulais avoir une carrière de footballeur. C’est par accident que je suis devenu chanteur. Un homme qui habitait dans mon quartier et qui était dans un groupe qui s’appelait « Le Kad Orchestra », il m’entendait chanter dans la rue comme ça, et il m’a proposé d’intégrer son groupe si je le voulais bien sûr. J’avais une [belle] voix, malgré que je ne suis pas griot car d’habitude ce sont les griots qui chantaient. À l’époque, ça ne m’intéressait pas. Je voulais jouer mon football et puis voilà. Mais mes amis m’ont demandé d’aller essayer, parce qu’il y avait plein de footballeurs dans le quartier, mais il n’y avait pas de musiciens.

C’est une anecdote assez plaisante pour moi, parce qu’un jour, je revenais des entraînements – on jouait au football – du coup, j’ai débarqué au local où le groupe qu’il voulait que j’intègre répétait. Dès que j’ai débarqué avec mon équipement de footballeur, le chef d’orchestre a voulu me mettre dehors. Mais l’homme qui m’a découvert lui a dit : ah non, c’est ce garçon-là dont je vous ai parlé. Je l’ai entendu chanter, il a une [belle] voix, donc on peut l’essayer.  On n’a essayé et après on m’a dit : on reviendra te voir. Une ou deux semaines après, l’homme est revenu pour me dire : on a décidé de te prendre dans le groupe parce qu’on a besoin d’un jeune chanteur qui chante en Wolof.

Le mbalax qui existe aujourd’hui n’existait pas à l’époque, parce que les orchestres, ils jouaient des musiques plutôt latino, plutôt salsa, ils chantaient un peu en espagnol.

Alors voilà, donc j’ai intégré le groupe et c’est parti comme ça. C’était en 1972.

Vous avez quel âge à cette époque ?

J’avais 17 ans.

La décision de chanter en Wolof était presque la décision de ce chef d’orchestre ?

Oui, parce que, à l’époque, il y avait une prise de conscience que les gens voulaient s’approcher un peu de ce que nous étions culturellement parlant, il y avait une identité. Parce que les gens jouaient une musique venue d’ailleurs, une musique importée d’Amérique latine, la salsa. On n’utilisait même pas les instruments traditionnels, tels que le sabar, le xalam, la kora des instruments plus proches de notre identité en fait.

Cette absence de musique un peu plus traditionnelle, c’était le cas dans les zones rurales aussi bien que dans les villes ?

Oui, bien sûr. En fait, il existait une musique beaucoup plus traditionnelle qu’on appelait le folklore chantée par les vieux griots. À l’époque, c’était une musique qu’on retrouvait beaucoup plus dans les villages, mais c’était une musique qui ne se dansait pas. Quand on allait dans une boite ou un groupe jouait, c’était plutôt une musique latino.

Maintenant, il était question de se rapprocher un peu de notre identité culturelle. Cependant, ce qui est très intéressant, Leopold Sedar Senghor qui était le Président du Sénégal à l’époque, était un homme de culture. Il a posé la question à savoir pourquoi les groupes sénégalais ne jouaient pas une musique qui est plus proche de notre culture.

Parce que la musique est rythme. Le Sénégal compte beaucoup d’ethnies et chaque ethnie est rythmiquement très culturelle. Dans la population du Sénégal, il y a les Wolofs, d’accord, mais il y a les Toucouleurs, les Sérères, les Diolas dans les différentes régions, et chaque ethnie a un rythme et un rythme qui se danse aussi. Mais pourquoi ne pas essayer d’aller vers cela pour trouver notre véritable identité.

Omar Pene para jot Down

Ce sont des traditions qui ont été conservées dans le temps, même si c’était des pratiques un peu absentes dans la musique populaire. Mais comment est-ce que vous avez fait pour apprendre à intégrer ça dans la musique populaire ?

C’est une très bonne question. Je pense que ça a été une réflexion générationnelle, encore une fois. C’est de là où est venue l’idée de créer le Diamono. Nous, à l’époque, on n’était pas très intéressé par la musique latino. On était plutôt intéressé par la musique anglo-saxonne : jazz, rhythm & blues, reggae, soul music.

James Brown?

Oui, James Brown, Otis Redding, Bob Marley. Ça, on se disait que c’était beaucoup plus proche de nos traditions parce que c’était beaucoup plus « noir ». À l’époque, nous avions des idées très révolutionnaires. On était plutôt du côté des grands hommes d’Afrique : Nkrumah, Nelson Mandela, etc. Nous étions un peu détachés de ce qui se faisait à l’époque en termes de musique d’autant plus qu’on avait fait des recherches en rapport avec philosophie. Mais, on a décidé dans un premier temps d’intégrer un instrument qui s’appelle le sabar, parce que nous avions fait une tournée à l’intérieur du Sénégal et jusqu’en Gambie. Il y avait en Gambie un groupe qui s’appelait les Super Eagles, composés que de musiciens gambiens, et eux, utilisaient cet instrument-là, le sabar, dans leur musique.

Le sabar vient des Sérères?

Les Wolofs ont leur forme de sabar, les Diolas ont leur forme de sabar, les Sérères ont leur forme de sabar aussi.

Moussa N’Gom ?  Le chanteur de Super Diamono ? 

Il a joué avec nous. Par contre, la façon d’utiliser cet instrument-là est différent selon les ethnies. Si vous connaissez le groupe Touré Kunda, leur façon d’utiliser le sabar est différente de la nôtre, nous les Wolofs. Les rythmes sont différents.

Vous percevez tout de suite la différence ?

Vous entendez tout de suite la différence parce que ça ne joue pas de la même manière. Ce n’est pas le même rythme. Même la façon de danser, ce n’est pas pareil.

Le fait d’avoir un Gambien dans le groupe Super Diamono, est-ce que ça a crée aussi un mélange à l’intérieur du groupe ?

Lui [Moussa Ngom], il chante en Socé, c’est vrai, mais il chante en wolof aussi. En Gambie, on parle anglais, mais wolof aussi.

Est-ce que vous mélangiez aussi dans le groupe des styles différents de percussions ?

Comme on avait fait une tournée à l’intérieur du Sénégal. On est allé chez les Sérères qui jouent un rythme qui s’appelle le « Ndjoup », au Fouta, chez les Toucouleurs – Baaba Maal, vous connaissez, il joue le Yela, les Diolas en Casamance, ils jouent le Djambadon, c’est un autre rythme. Les wolofs qui sont majoritaires au Sénégal, ils jouent avec le sabar, mais leur musique est le M’balax. Tous ces différents rythmes, c’est ça qui compose la musique sénégalaise. C’est ce que Léopold Senghor disait à l’époque : « Vous êtes dans un pays qui est culturellement très riche. Essayez quand même de travailler avec ce que vous avez ». Et il a sorti un concept, c’est l’enracinement et l’ouverture.

Donc le groupe n’était pas rebelle parce que même le gouvernement était de votre côté, c’est ça ? Vous aviez leur soutien sur ce plan ?

Non, c’est-à-dire en tant qu’homme de culture, parce qu’il aimait la culture, Senghor, c’était un poète. Mais le contenu, ça nous appartient. Il a juste émis une idée pour permettre aux gens de mieux exploiter leurs ressources culturelles. Mais le contenu, ça dépend de chacun. Moi, par exemple, j’ai choisi une autre voie en faisant l’apologie du panafricanisme par exemple. C’est pour ça que dans notre musique, on retrouve des chansons dédiées à Nelson Mandela. Dans Soweto, je dénonçais les coups d’État, j’appelais à l’unité africaine. Pourquoi pas les États-Unis d’Afrique ? Donc j’ai chanté la pauvreté, les jeunes qui ne trouvaient pas du travail, les enfants qu’on maltraite, une sorte de polygamie mal maitrisée et des femmes qui en souffrent, l’importance d’éduquer les enfants, etc. Donc j’ai choisi déjà des thèmes qui à l’époque dérangeaient beaucoup.

Est-ce qu’il y avait même des risques?

Oui. Pas des risques d’aller en prison, mais des risques qu’on ne passe pas nos chansons à la radio, parce qu’à l’époque, il n’existait qu’une seule station de radio. Donc, nous, on ne passait pas nos chansons du tout. C’est un peu ça, mais quand même, on avait un public déjà et qui était là et qui adorait ce que nous faisions.

Vous aviez élu résidence au Club Balafon où vous jouiez chaque semaine?

C’était un club qui se trouvait au cœur de Dakar. On a une histoire avec ce club-là, parce qu’il n’y avait que les fans de la musique du Super Diamono qui venaient là-bas, et qui épousaient nos idées un peu révolutionnaires. Mais, les autres qui aimaient la belle vie, ceux qui aimaient vie mondaine, ces gens-là, ils allaient voir Youssou N’Dour. [rire]

[N’Dour avait ses propres concerts réguliers dans un club concurrent.]

Mais vous étiez ami avec Youssou N’Dour ?

Oui.

Qu’est-ce ce que ça signifiait à la base, le fait d’aller voir la musique en live en concert à Dakar à l’époque? Pourquoi les gens sortaient et qu’est-ce que ça signifiait dans leur vie ? 

Les gens ont commencé à comprendre qu’il y avait un réel changement déjà de mentalité, mais surtout chez les jeunes, les jeunes des banlieues.

Donc c’était un changement lié à classe sociale ?

Absolument. Surtout chez les étudiants.

Pendant cette période des années 1970, est-ce qu’il y avait encore cette joie de la décolonisation, de la période de transformation sociale juste après ?

La musique était un vecteur de communication qui prenait de plus en plus de l’importance. Parce qu’à l’époque, être musicien n’était pas bien vu. Être musicien, c’était synonyme de voyou. On était dans la boite de nuit, avec l’alcool. Donc les gens ne comprenaient pas trop. Parce que le Sénégal, c’est un pays assez religieux. Même dans les maisons, les parents n’acceptaient pas que les enfants fassent de la musique parce que ce n’était pas bien vu, ça n’avait pas un avenir. Ce n’était même pas considéré comme un métier, ça ne pouvait pas nourrir son auteur. C’était une histoire de rue, donc c’était mal vu. Il fallait faire avec ça.

Vous êtes religieux aussi ? Vous adhérez aussi à la confrérie Mouride ?

Oui, tout à fait.

Je pense que vous êtes proche de la communauté qui fait des pèlerinages au Grand Magal de Touba. Il y a un lien qui a longtemps exister entre les genres de musique comme le mbalax et le mouridisme, par exemple comme une manière de chanter les éloges. Est-ce que vous avez déjà senti la pulsion aussi de parler de votre religion à travers votre musique, ou est-ce que c’était plutôt un engagement social qui vous anime ?

Je l’ai fait, j’ai plusieurs chansons dédiées aux guides spirituels du mouridisme. Parce que je suis mouride du côté de ma famille maternelle. Ma grand-mère, qui m’a élevé, m’emmenait dans les lieux où il y avait des chants religieux mourides. Elle m’emmenait pendant que j’avais 4-5 ans, elle m’amenait chez son marabout chaque dimanche matin. C’est là où j’ai senti un truc qui entrait en moi parce que j’aimais ma grand-mère beaucoup. Donc, c’est là où j’ai appris quelques chansons mourides parce qu’elle m’emmenait souvent. 

Quand je me suis intéressé au cheikh, j’ai fait des recherches par rapport à sa philosophie et tout ce qu’il a écrit. Déjà, il s’est un peu dématérialisé. Il n’aimait pas trop le matériel, pas d’argent, pas de luxe,  rien du tout. Il n’a rien laissé de luxueux. Je suis allé voir le lit où il se couchait. Il ne se couchait même pas sur le lit, il mettait ses écrits, et les trucs là, mais il dormait par terre. Il portait un boubou [une robe] qui n’avait pas de poche et il incitait les gens au travail, à l’honnêteté, à l’humilité.

Ce sont des valeurs qui aujourd’hui ont tendance à disparaître parce qu’actuellement, nous vivons dans un monde d’opportunistes. Tout le monde court vers l’argent par exemple. Pour avoir de l’argent, on est prêt à tout, à tuer, à faire des choses quand même, qui ne sont pas très réglos, alors que lui, il se détachait de cela. C’est pour ça que je l’ai admiré, c’est pour ça que je l’ai pris comme exemple et je me suis permis de créer une chanson en parlant de tout cela parce que c’est un guide. Malgré tout ce que les gens disent aujourd’hui des mourides, mais lui, il n’est pas comme ça.

Bon, il y a des millions de gens qui en profitent aujourd’hui. En revanche, lui ce qu’il a dit, c’est clair et net, l’honnêteté, le travail, l’humilité. Ce sont des valeurs qui aujourd’hui ont tendance à disparaître et partout pareil, on ne sait plus qui sont ses vrais amis, qui t’aiment, qui ne t’aiment pas. Il y a quelqu’un qui m’a dit, mais écoute, nous on est musulmans, on croit en Dieu, mais il y a des gens qui n’y croient pas. Donc Dieu, il a des ennemis, donc ça ne doit pas être une personne alors, quelqu’un qui n’a pas d’ennemis. Ça pourrait un objet, une chose. Personne n’a trouvé, je leur ai dit que c’est l’argent. 

Par Rapport à ce que vous faisiez avec la musique, ou un style de vie rock n’ roll,  il n’y avait pas de difficulté dans le contexte religieux ?

Les gens ne prenaient pas au sérieux ce que nous faisions. Je pense que les gens étaient beaucoup plus obnubilés par ce qu’ils apprenaient dans l’autre sens, Le Sénégal, c’est un pays à 95 % musulman, mais quand même, il y a des cercles religieux différents. Il y a les Mourides par-ci, encadrés par le Cheikh Ahmadou Bamba, il y a les Tijaniyyah, il y a les Layenes… Ce sont des confréries, toutes musulmanes, mais différentes, différentes de par leur guide. Donc ça a polarisé un peu l’attention des musulmans sénégalais dispersés entre ces confréries-là. Nous on était un peu relégué au point de vue des garçons un peu perdus.

Pouvez-vous nous décrire à quoi ressemblait une soirée typique au club Balafon. 

On ne pouvait pas venir au Balafon sans aimer le Super Diamono. C’était un club assez particulier, parce qu’à l’époque, nous, on ne faisait pas les éloges des gens comme c’était le cas de l’autre côté. Nous, on décriait le chômage, on chantait Nelson Mandela. À l’époque, on venait me demander « Qui c’est, Nelson Mandela ? » On était un peu marginalisés. Les gens qui venaient au balafon c’était notre public. Les autres qu’on appelait les gens branchés qui s’habillaient bien, ces gens-là, ils allaient voir Youssou N’dour. [rire]

C’est toujours le cas ?

C’est toujours le cas oui. [rire] 

Ça parlait de choses sérieuses, mais l’ambiance au Balafon Club, était-elle animée ?

Oui, c’était animé. On s’y retrouvait aussi. Parce que nous, on aimait ça. Malgré qu’il n’y avait pas beaucoup d’argent. Mais, nous, on s’en fichait. On prenait du plaisir à le faire. Il y avait des gens qui sont là et que ça intéressait. On prenait du plaisir à le faire. C’était vraiment quelque chose extraordinaire pour nous. Pour nous, l’essentiel, c’était ça.

Omar Pene para jot Down

Un certain moment, vous vous êtes dit : «Ça y est, je suis une star maintenant de la musique. »?

« Star », je n’aime pas trop le mot, parce que comme on dit, « Star » veut dire « étoile ». Moi, j’ai les deux pieds sur terre, donc ça ne m’intéresse pas trop. Nous avions beaucoup d’amis qui venaient nous voir. On vivait comme ça et puis on partageait tout ce qu’on avait. Il y avait une certaine solidarité, on était vraiment bien comme ça. 

Pas des difficultés … ?

On a toujours notre public. Il y a un fan club qui a été créé, qui s’appelle AFSUD (Amicale des Fans du Super Diamono). Ça s’est agrandi et c’est devenu quelque chose qui compte. C’est du sérieux. Ce qu’il y a dans cette histoire, c’est que cette année je fête mes 50 ans de musique. On est en tournée toute l’année 2023. Aujourd’hui, les jeunes qui ont hérité du fan club AFSUD, il y avait leurs pères avant eux et il y avait leurs grands frères avant eux, et maintenant, c’est une jeune génération qui a hérité de ce fan club. Donc, ça s’est transmis de génération en génération. C’est pour dire la richesse de cette histoire.

Aujourd’hui encore, vous êtes ambassadeur du gouvernement auprès des universités sénégalaises..

Voilà, nommé par le président de la République.

Je crois savoir que le Sénégal investit beaucoup dans l’éducation.

Absolument. L’actuel président, leur génération à eux, quand ils étaient à l’Université, j’allais là-bas jouer des soirées, des concerts pour eux. Et à l’époque, j’ai créé une chanson qui s’appelle Étudiant, que j’ai dédié aux étudiants. Je l’ai écrit en 1988 et jusqu’à aujourd’hui, c’est d’actualité. Je ne peux pas jouer un concert sans que les gens réclament: « Étudiant ! Étudiant !», dans n’importe quel pays. Et pourtant c’est une chanson qui date de plusieurs années. Je suis quelqu’un qui compte beaucoup pour eux. Et il y a maintenant une autre génération d’étudiants à l’université. Il y a des jeunes étudiants qui n’étaient même pas nés quand j’ai créé cette chanson et qui aujourd’hui l’ont adoptée. Et si vous allez aujourd’hui à l’université Cheikh Anta Diop à Dakar, la place culturelle où on organise des concerts, les débats culturels, à l’université Cheikh Anta Diop, dans le campus social, cette place-là s’appelle Omar Pene.

Il y a beaucoup de chansons sur la jeunesse et pour la jeunesse, pourquoi est-ce que cette chanson en particulier a tellement raisonné ?

Mais parce que personne n’a eu à le faire, je suis le premier. Et compte tenu du fait que par rapport à mon parcours. On peut dire que sans rentrer dans les détails, j’ai grandi dans la rue. Avec les difficultés que j’ai pu rencontrer durant mon parcours. Je suis assez outillé pour partager tout cela, parce que Dieu sait que j’en ai rencontrées des difficultés. Au Sénégal, les gens connaissent l’histoire de Omar Pene. Donc aujourd’hui, je suis devenu une sorte de modèle pour eux.

Le fan club a été fondée en 1989. A l’époque, il n’y avait pas d’internet mais est-ce que les gens se passaient des cassettes?

Les gens se passaient des cassettes parce qu’il y avait un autre circuit de distribution. [rire] Comme nous, on ne passait pas à la radio, alors les jeunes se passaient les cassettes.

Parfois on sort un disque et puis, après le lendemain, c’est partout dans la rue. C’était une chose négative ou positive pour les ventes  et pour votre célébrité?

Les deux, on peut dire les deux. C’est un circuit parallèle clandestin de distribution. Mais quand même parce que tout le monde n’a pas les moyens d’acheter par exemple les CD. Ils préfèrent acheter les pirates qui coûtent moins cher, mais qui ne sont pas de bonne qualité. Tu écoutes une fois, deux fois. Et puis, ça se gâte.

À l’époque en Afrique de l’Ouest, est-ce que l’idée, le concept d’un album, ça avait aussi la même valeur ? C’est-à-dire qu’une œuvre qui sort, est-ce que c’était même très important ? C’est-à-dire l’idée de sortir un album ou c’étaient juste des morceaux ?

Bon, à l’époque, nous, on était toujours en retrait par rapport à ce qui se faisait sur le plan musical. Parce que dans les pays développés, par exemple, les gens sortaient des albums, mais nous, jusqu’à une date très récente, on était encore sur les cassettes. Oui, mais c’était important quand même de sortir quelque chose parce que les gens l’attendaient.

Comment ça se passait, le processus de création pour le groupe Super Diamono ?

Il y a plusieurs étapes concernant le Super Diamono, avec des générations différentes. À cette époque dont j’ai parlé au début, comme on a été un peu à l’intérieur du Sénégal pour aller faire des recherches sur notre identité culturelle, aller rencontrer les populations pour avoir quelque chose de rythmiquement parlant. Ça nous a pris deux ans. Alors quand on est revenu à Dakar, dans notre local, on vivait tous ensemble, tous les musiciens. C’est là où on a commencé à répéter, à travailler ce que nous avons ramené avec nous. On avait plein de bagages rythmiques, et on s’est dit : « Maintenant, on va créer le style Super Diamono ». Donc, on s’est dit : « Bon, qu’est-ce qu’on va faire ? On va appeler notre musique Afro feeling musique. » C’était une musique d’improvisation. Voilà. Et comme on était un peu influencé par la musique anglo-saxonne, on a essayé de par les rythmes, de créer une musique qui nous ressemblait. Une musique en tenant compte de ce que Senghor disait à l’époque : enracinement et ouverture. Une musique qui nous ressemble par le rythme, et moi qui chante en Wolof, mais d’autre part, s’ouvrir à l’extérieur, une musique que toutes les populations du monde pourraient comprendre, une musique d’ouverture. Faire en sorte que l’Américain qui ne parle pas Wolof puisse sentir ce que nous faisons.

Ça commençait avec les percussions ou par le chant musicalement ?

Ça a commencé avec les percussions : avec sabar, batterie, basse. On considérait la basse comme un instrument à percussion. C’est le sabar le métronome. C’est le sabar qui donne la mesure.

Comme une « clave » en salsa..

Tout ce qui reste, les claviers, pour habiller. Dès que tu places le rythme déjà, tu as déjà quelque chose. Maintenant tout ce qui vient après, c’est pour colorer.

Seriez-vous prêt à jouer une idée pendant plusieurs heures ? Laisser passer les temps pour laisser l’idée se former ?

Chacun amène quelque chose, c’est un truc collectif. Chacun amène son idée. Moi, je préfère tout le temps que les gens créent d’abord la musique et moi, je viens chanter après. Il faut laisser les musiciens, qu’ils soient d’accord déjà, sur le contenu. C’est une sorte d’équipe, c’est collectif. C’est vrai que je suis le leader, je suis le chanteur, mais chacun a le droit d’apporter son idée. C’est open vraiment, c’est ouvert. Donc, c’est pour vous dire que chacun a le droit de donner au fond de lui-même ce qu’il a, et ça, c’est très positif pour nous.

Pas de dispute ?

Pas de dispute. Quand on discute, on discute musique, voilà. C’est ça le style Diamono. « Diamono » veut dire « Génération ».

Omar Pene para jot Down

Le premier album, Géédy Dayaan (Géeju Ndayaan), la musique est très lent, très ouvert. Mais quelques années plus tard, la musique est très rapide, très serrée ..

Nous voulons faire une musique qui intéresse les gens. Donc, on ne se contente pas tout le temps de faire quelque chose pour nous-mêmes. C’est une sensibilité et il faut que tout le monde s’y retrouve. Même quand on fait un concert, on commence par ça. On commence par les slows, les plus cool, en allant crescendo jusqu’à arriver à un rythme très soutenu.

Dans un concert, une chanson peut durer très longtemps ?

Non, non. C’est juste au maximum quatre, cinq minutes. Il y a plusieurs chansons à jouer. On a appris ça en Europe, parce qu’ici, ce n’est pas pareil. Quand tu joues sur l’international pendant un concert, tu as 90 minutes. 

À Dakar, au Sénégal, ça pouvait durer toute la nuit, c’est ça ?

Au Sénégal, c’est des soirées dansantes qu’on anime, ça commence à minuit, ça peut finir à 4 heures du matin. [rire]

Vous avez un endroit préféré pour les concerts ?

Non, non, on part partout où l’on nous appelle. Encore une fois, c’est un groupe qui tourne beaucoup. Par exemple, quand j’étais au Central Park à New York, il y avait un public extraordinaire là-bas. Et ce qui m’a un peu étonné, c’est qu’il y a des gens, des Américains, qui nous demandaient certains morceaux. Je me suis dit : « Mais où est-ce qu’ils ont appris ça ? Où est-ce qu’ils ont écouté ça ? » Ça m’a un peu surpris. Et j’ai vu des gens, des Américains qui dansaient notre musique mieux que les Sénégalais. [rire] C’était étonnant. À la limite, on s’est dit qu’on a bien fait d’écouter la philosophie de Senghor, enracinement et ouverture.

Quand vous mélangez la musique populaire avec la musique traditionnelle, qu’est-ce qui arrive à cette musique traditionnelle ? Ça se perd un peu à travers la musique populaire ? Ou est-ce que c’est renforcé par la diffusion de cette musique ?

Ce qui est intéressant aujourd’hui, c’est que la musique traditionnelle existe toujours. Mais, nous, ce que nous sommes en train de faire, c’est de la moderniser. Parce que la musique aujourd’hui, comme on dit, la musique n’a pas de frontières. Moi, j’écoute des musiques qui nous viennent d’ailleurs. Je ne comprends pas l’anglais proprement dit. Peut-être, je comprends l’anglais touristes. Quand on me pose des questions, je ne sais même pas. Mais quand même, on arrive à se comprendre par interprète interposé. Voilà un peu. Et les choses évoluent, le monde évolue, donc tout évolue avec cette évolution mondiale-là, c’est ça. C’est le modernisme.

Il y a des musiques d’aujourd’hui composées par les jeunes qui vous passionnent ? 

Oui. Bon, ce qu’on peut retenir dans tout ça, c’est que, comme je l’ai expliqué tantôt au début, nous, ce n’était pas évident à notre époque, parce qu’on se cachait même pour faire parce que personne n’y croyait. La société n’acceptait pas ce que nous faisions à l’époque. Mais aujourd’hui, les mentalités ont changé parce que les musiciens ont réussi dans leur vie, surtout sur le plan social. [rire] C’est devenu un business porteur. Il y a des musiciens qui ont plus ou moins réussi. Tous les musiciens de ma génération, par exemple, aujourd’hui, sont devenus des gens importants dans notre société, parce qu’ils ont réussi. Vous voyez Youssou N’Dour qui est un chef d’entreprise, qui emploient des milliers et des milliers de personnes. Ismaël Lô, Baaba Maal, moi, en tout cas, notre génération. On est quand même arrivé à installer quelque chose, et les gens ont vu que nous, on s’est trompé parce qu’à l’époque, on n’y croyait pas. Mais, maintenant, ces gens-là, ils ont montré des choses. Mais, maintenant, personne n’interdit plus à son fils d’aller faire de la musique parce qu’il y a ça. C’est un engouement aujourd’hui, et moi, personnellement, je suis très content, très heureux de faire partie des gens de cette génération-là qui a œuvré, qui a vraiment bataillé, qui a cru et qui a pu quand même faire quelque chose de concret. Donc, c’est un bon exemple pour nous africains. Et ça, c’est valable pour beaucoup de pays africains. Si vous allez au Mali, il y a Salif Keïta, vous allez au Cameroun, etc. Donc, c’est partout pareil.

Quand vous venez ici en France, que signifie la France pour vous ?

D’abord, la langue et le fait que notre argent se trouve là, donc, c’est plus simple. L’idée ne m’est jamais venu de venir vivre en France déjà, je préfère rester chez moi dans mon environnement où j’ai mes habitudes. Parce que je ne peux pas vivre ailleurs que chez moi, malgré que je sois un homme de culture, je suis très ouvert, j’aime bien voyager, aller rencontrer les autres, juste pour ça. Je suis un patriote, mais j’adore mon pays, franchement, l’immigration ne m’a jamais tenté. D’ailleurs, j’ai créé une chanson pour demander aux jeunes de faire très attention parce que sinon ça devient de plus en plus difficile, et que compte tenu du fait que le rejet est partout présent. Moi, je suis un panafricaniste convaincu, je suis un afro optimiste. J’ai chanté tout le temps des chansons concernant l’Afrique. J’ai même chanté pour les États-Unis d’Afrique, pourquoi pas. Parce que personne ne peut faire les choses mieux que nous. Il ne faut pas attendre que les autres viennent développer notre continent, c’est à nous de le faire. Il faut y penser. Il y a des hommes et des femmes aussi qui sont capables de faire bouger les choses et l’Afrique a tout ça. C’est une idée révolutionnaire, je suis d’accord, parce que c’est ce que je suis. En tout cas, moi, j’y crois fermement.

Vous avez sorti un album sur le changement climatique, quels sont les changements au niveau du climat ou autre au Sénégal que vous voyez aujourd’hui ?

C’est un phénomène qui touche le monde entier. Au Sénégal, nous sommes en train de vivre cela parce qu’il y a une région au nord du Sénégal, à Saint-Louis, il y a l’érosion côtière qui est en train de faire beaucoup de dégâts. Il y a même un village qui a disparu, qui a été envahi par les eaux et tout ça est dû au réchauffement climatique. Donc, il y a aussi sur la côte, dans certains villages, il y a des maisons qui ont en train d’être englouties par les eaux. Et le climat a beaucoup changé aussi. Les saisons sont devenues un peu bizarres. Déjà le froid n’existe presque plus. Au mois de décembre par exemple, on avait froid, on portait des pulls et tout, mais maintenant, il fait chaud jusqu’à je ne sais quand. Compte tenu du fait que l’Afrique est le continent qui pollue le moins, le degré de pollution en Afrique a été évalué à 4 %. Nous, on pollue moins, mais on subit toutes les conséquences des autres. Et dans tout ça, il y a les climatosceptiques, notamment les grandes puissances qui polluent plus et qui refusent toujours. Il y a certains présidents dont je tairai les noms qui disaient que le réchauffement climatique n’existe pas. Donc à la limite, je crois qu’il faut qu’il y ait des voix qui se lèvent pour parler de cela, pour sensibiliser non seulement l’opinion internationale, mais pour dire aux Africains : « Attention, levez-vous. Il faut parler, il faut aller trouver les moyens pour faire face parce que si jamais il se passe un tsunami dans n’importe quel pays africain, toute l’Afrique va en souffrir. »

On a d’autres priorités justement, il faut combattre la pauvreté, le paludisme, la malnutrition, etc. Il y a le Covid qui est passé par là, qui a tué des centaines de milliers d’africains. Donc, on a besoin d’autre chose que de subir quand même les affres du réchauffement climatique. E t tout ça m’a inspiré en tant que panafricaniste pour avertir, pour porter ma voix pour parler aux gens. Peut-être que ça pourrait amener quand même une certaine réflexion. En tout cas, j’y travaille actuellement et tout mon programme des 50 ans tourne autour de ce sujet-là du réchauffement climatique.

Omar Pene para jot Down

Il y a des gouvernements qui ont proposé des réparations climatiques pour les pays qui souffrent le plus des effets du changement climatique, est-ce que ça vous paraît une bonne idée ?

Rien n’a encore été fait. C’est bien que les gens prennent conscience que ce phénomène-là existe, ce qui n’était pas évident il y a quelques années. J’ai entendu même Joe Biden qui en parle alors que son prédécesseur, lui, il s’en fichait pas mal, voilà justement. Cette prise de conscience-là, c’est ça qui est intéressant. Et je vois, même les jeunes, ce que moi, j’appelle l’avenir, les jeunes se sont levés aujourd’hui et à chaque fois qu’il y a un COP [conférence ONU sur le climat] organisé quelque part, les jeunes se lèvent, ils vont aller voir les décideurs avec des pancartes pour leur dire : « Faites attention parce que, c’est nous qui allons hériter de tout ce qui va se passer après. » Donc il y a une conscience collective qui est en train de se propager à travers le monde et je trouve que c’est une bonne chose.

Certains pays ont-ils des dettes envers d’autres pays, par exemple une dette climatique ou une dette postcoloniale ?

Il y a toujours une dette envers d’autres parce que le monde s’est construit avec des choses qui se sont passées et qui ne devraient pas se faire. Ceux qui ont profité de ces avantages-là doivent reconnaître effectivement qu’ils ont profité d’une certaine faiblesse d’autres gens. Ils en ont profité parce qu’ils ont exploité pour tirer profit de cela. Donc, il faut le reconnaître déjà et puis essayer de réparer, avoir la conscience, l’honnêteté de dire que nous avons fait du tort à un tel et que là, il est question maintenant de réparer, comment ?

À l’intérieur de l’Afrique, est-ce qu’il y a des choses à régler entre les populations africaines aussi?

Bien sûr. Moi, j’ai été au mois d’avril à Abuja [Nigeria] pour recevoir un prix de la CEDEAO. J’ai été choisi comme artiste de l’année. Il y avait 15 chefs d’États. Mais, ce que j’ai remarqué, pour rentrer, parce que j’ai fait Dakar-Lomé, Lomé-Abuja. Et durant tout ce trajet-là, il y a eu tellement de tracasseries, je me suis dit peut-être, nous croyons à notre continent, mais il y a du travail encore à faire. J’ai remarqué qu’il a été plus facile pour moi d’aller à New York que d’aller à Abuja. Vous voyez un peu les problèmes que nous, africains, et on parle de circulation des biens et des personnes. Vous voyez un peu le travail qui reste encore à faire. Il y a les gens qui m’ont dit : « Ce que tu défends, toi, le panafricanisme-là, est-ce que ce n’est pas de l’utopie ? » Mais bon, il faut y croire.

Quand vous étiez enfant, vous n’étiez pas griot et maintenant vous êtes arrivé, vous êtes un sorte d’ambassadeur. Vous ressentez de la pression ?

Si personne n’en parle – parce que déjà il y a les précurseurs, moi, je n’ai pas créé cela. J’ai trouvé des leaders africains, tels que Kwame Nkrumah, Cheikh Anta Diop, Nelson Mandela, Amílcar Cabral, des grands d’Afrique quand même, qui ont préconisé cela. Dernièrement, il y a eu le jeune Thomas Sankara du Burkina Faso qui avait certaine idée aussi panafricaine. Donc, il y a des gens qui y croyaient, mais seulement la preuve, ce que ça n’arrange pas tout le monde quand même. Ceux qui exploitent les ressources africaines ne voudront jamais de ces États-Unis d’Afrique. Il faut que les Africains prennent leurs responsabilités.

Jouez-vous toujours au football ?

Je ne joue plus, mais j’adore. C’est ma passion. Je peux rester plus d’une heure entière à regarder le foot. J’adore le foot.

Quelle équipe ?

Au Sénégal, mon équipe, c’est Jaraaf, une équipe à laquelle j’ai dédié une chanson d’ailleurs. En France, je supporte Marseille. En Angleterre, c’est Manchester City.

Il y a une certaine intelligence dans le football aussi. Bon, dans le sport en général, je suis la NBA aussi. J’adore le basket, j’ai beaucoup adoré Michael Jordan. Voilà, donc, il y a des gens comme ça quand même, qui ont quelque chose en eux, ils sont uniques.

Les gens disent que le sport, c’est comme la musique, parce que les compétences, les performances, c’est très immédiat.

Oui, les sportifs aussi aiment la musique, franchement. J’ai vu même certains boxeurs, quand ils entrent dans l’arène, ils ont des casques, ou bien ils sont suivis par un rappeur. Alors voilà, tu vois, donc ça fait bouger.

Toi, tu aimes bien la boxe ?

C’est ma femme qui adore la boxe, mais moi, enfin je regarde, mais je n’aime pas trop tout ce qui est violence.

La lutte au Sénégal..

La Lutte sénégalaise aussi… Moi j’aime bien la lutte traditionnelle. Là c’est très technique. On ne donne pas de coups, ce sont des techniques pour terrasser son adversaire. Mais quand on se donne des coups…

Ça devient une autre chose.

Oui, ça devient une autre chose. C’est des gens qui se bagarrent comme ça pour l’argent, donc on est prêt à tout pour gagner de l’argent. [rire]

Merci beaucoup pour le temps.

Tout le plaisir est pour moi. J’espère qu’on se reverra au Sénégal, inchallah.

Ça a été très bien. J’ai beaucoup aimé parce qu’on a parlé de choses très intéressantes : de musique, de carrière, de la vie. Ce qui m’a le plus plu dans cet entretien, et je suis heureux et je vous en félicite, c’est parce qu’on n’a pas parlé de politique. Et merci beaucoup pour ça.

Omar Pene para jot Down

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2 Comentarios

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